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Interview : "Les valeurs du monde de la tech"

Elles sont présentes partout, tout le temps et nous utilisons leurs services et produits au quotidien. Les grandes entreprises du "monde de la tech" adorent communiquer sur la manière qu'elles ont de "changer le monde". Pourtant, elles sont bien moins loquaces quant aux moyens qu'elles emploient pour arriver à leurs fins.

Atlantico : Les conditions de travail des chauffeurs Uber, le personnel peu qualifié d'Apple qui est engagé via des prestataires extérieurs pour qu'ils ne bénéficient pas des primes d'intéressement de la firme de Cupertino… Entre les bonnes intentions des "entreprises de la Tech", qui déclarent œuvrer à la recherche de nouvelles solutions aux problèmes du monde et la réalité de leurs pratiques, le décalage peut apparaître plus que saisissant… Comment expliquez-vous ce décalage justement ?

Bernard Benhamou : C'est tout le décalage entre la communication corporate, la communication publique et la réalité de leurs activités. Elles diffèrent de ce que l'on a pu connaître dans le passé comme pendant l'âge d'or d'IBM ou même de Microsoft.

Elles sont en effet capables d'avoir un impact dans tous les domaines, tous secteurs confondus. Elles ont uberisé des secteurs d'activité entiers qui leur étaient inconnus au départ. C'est pour cela qu'elles ont une telle résonance dans les médias ou auprès des politiques. Elles changent les règles. Avant, elles n'opéraient que dans un secteur : télécommunications ou informatique. C'était les géants 1.0. Maintenant, on a des géants 2,3 ou 4.0 qui par leurs impacts remettent en cause d’innombrables intérêts. Elles ont désormais un immense impact social, économique et politique. Vu de ces entreprises, le fait d'apparaître comme des entités honorables est essentiel, y compris même être reconnues diplomatiquement comme c'est le cas avec le Danemark qui vient de créer  un poste d’ambassadeur auprès des GAFA. Leur capital image est une ressource cruciale. Ils ont développé une image dite de "coolitude" branchée, qui évolue vers une "tyrannie en baskets" quand ces entreprises deviennent ultra-dominantes et qu'elles ont des attitudes prédatrices, socialement et industriellement voire même d'un point de vue politique. On pense à Facebook qui veut se rapprocher de la presse en France pour écarter les "Fake News". De leur part, cela correspond à une obligation de survie et pour nous, à une obligation de vigilance.

L'intégralité de l'interview sur le site d'Atlantico.